La série scénographies acouslumière
Initiée par Xavier Boyaud et Laurent Ostiz, la série comprend trois réalisations : réminiscences (2005/16'), Indiscrétion (2007/8') et Là où il n'y pas d'homme (2010/75').
La série des scénographies acouslumière abordent l'acte de perception et le travail de la mémoire visuelle et sonore. Elles utilisent les éléments du processus cinématographique, comme les notions de montage, de cadre et de profondeur de champ, donnant ainsi à voir un déroulé temporel qui s'appuie sur le récit et la narration. Mais c'est également un travail sur une composante fondamentale de l'image : son support de projection. Il est ici pluriel, démultiplié, mis en volume. Toutes les caractéristiques de l'image traditionnelle (limites, temporalité, volume) se trouvent recomposées dans un espace de représentation.
Les scénographies acouslumière sont des espaces dynamiques proposant des expériences perceptives autours des notions d'images-lumière et d'images-son :
Les images-lumière sont des images projetées par un vidéoprojecteur sur des surfaces lumino-sensibles et résultent de la projection de la lumière dans un volume. Les images-lumière originelles sont divisées numériquement puis réparties lors de la projection dans un espace en trois dimensions. Elles se révèlent au public à travers les traces de leur parcours sur différents plans et différentes matières. Le faisceau lumineux de la projection est ainsi sculpté comme une matière première par la présence d’objets spécifiques qui re-dessinent l’espace. La combinaison du volume et de la lumière révèle une image en mouvement.
La notion d’objet lumineux trouve, dans son rapport au temps, à l’espace et au récit, un écho indissociable dans le principe des images-son qui constituent, articulent et modèlent les scénographies acouslumière .
Les images-son se propagent au delà de la matière des objets scénographiés, parcourant l’intégralité de l’espace de l’installation. Le principe de la sculpture resurgit dans cette conception du son à travers la notion d’architecture sonore.
Les images-son résultent de la projection contrôlée de sons dans un volume. Elles donnent à entendre les traces d’un parcours d’objets sonores organiques sur différents plans sonores. Ces objets sonores, porteurs de principes de transformation et d’évolution perpétuels, tissent les liens des éléments du récit avec les images-lumière. L’espace sonore est sculpté par la spatialisation résultant de la position physique des projecteurs sonores (les enceintes) et par les algorithmes de diffusion (ambiphonie).
Le dialogue des images-son avec les images-lumière repose alternativement sur un renforcement du sens et sur une prise de distance, une perte de repère (dans le temps, dans l'espace, dans l'interprétabilité de ce qui est vécu). Tout est alors affaire de traces, de rémanence dans cette habillage de l'espace par l’image, la lumière et le son, de circulation et de trajectoires.
Cette approche repose sur une double décomposition des notions d'image et de son : physique (travail de la matière et de ses composants mais aussi jeu de l'illusion et de la reconnaissance) et conceptuelle (distance critique en regard des modes de représentation).